Entre l'architecture, le land art et l'oeuvre sociale, l'Oiseausphère apparut à Percé, au courant de l'été 2008, comme un petit rêve, comme une fleur à cette terre aux élans immenses qu'est la Gaspésie.

Au fil des ans, cette oeuvre d'art devient de plus en plus un parc en évolution qui cherche à instituer l'espace d'une écoute humaine, sensible et poétique du territoire au coeur du paysage piétonnier de Percé.

( Prix Aménagement 2010 Les Arts et La Ville )


La naissance de l'Oiseausphère
( Film de Karl Turpin Bourque, 10 min, 2009 )

Conçue à l'origine comme un évènement artistique à vocation éphémère, l'Oiseausphère a plutôt grandi et continue d'évoluer comme une véritable action territoriale à l'appui de changements de valeurs dans nos rapports au lieu.

La perspective d'un nouveau festival International de cinéma à Percé était au départ, l'occasion de réfléchir à un dispositif original permettant l'expérience du cinéma en relation intime avec le paysage inspirant de Percé. Nous avons alors imaginé l'idée que des centaines de vêtements blancs réunis par la population, puissent former ensemble un véritable pavillon culturel extérieur présentant du cinéma sur des draps volants. Ce fut l'Oiseausphère, sculpture à la fois monumentale, aérienne et projet d'interaction poétique entre la communauté
et ce paysage infini.

La Ville de Percé a sauté dans l'aventure, suggérant le site de la pointe du Mont-Joli à deux pas du Rocher Percé pour accueillir ce projet. Elle a contribué du meilleur de ses capacités : terrain, assurances, financement, personnel culturel, diffusion, etc.

Nous partagions des objectifs complémentaires. Le site de la pointe du Mont-Joli était peu qualifié et l'offre touristique de Percé avait besoin d'un vent de fraîcheur, plus en accord avec les valeurs de notre futur (écologie, respect du territoire, primauté des relations humaines).

Le défi était de taille. Il a fallu près d'un an de travail intense dans le milieu pour faire naître l'Oiseausphère. Car c'était effectivement au départ, un rêve impossible, avec l'extrême difficulté de financement qu'on peut vivre dans les régions éloignées des centres urbains. Marvayus s'occupait de la direction du projet et de son financement. Plusieurs nous prédisaient l'échec, s'appuyant sur la perception courante que les guerres de village auront tôt fait d'épuiser toute la beauté du rêve. Ce fut le contraire, la démarche du projet a soulevé une rare adhésion à travers diverses couches sociales. Au total à ce jour, plus de 45 organismes ont contribué à leur manière au projet.

Aussi, le "procédé" des vêtements blancs aura été d'une extraordinaire efficacité pour rejoindre un public varié et universel. Sans cela, beaucoup de citoyens auraient simplement regardé de loin. Cette approche publique, participative et ludique était nécessaire pour installer entre nous tous, la notion d'écoute à quelque chose de différent.

L'Oiseausphère a choisi d'exister comme une architecture-milieu, comme un souffle et une forme émanant du lieu même, comme un processus social. C'est en qualité de générateur de relations, à la fois paysagères et humaines, que ce travail trouve sa pleine raison d'être. C'est ce qui en fait un projet inclassable, hors de son temps. Nous n'avons pas cherché l'originalité, nous avons cherché la générosité du geste, la vérité de la relation et ce qu'il nous reste d'humanité vraie.

De l'évènement à l'aménagement

La dialectique entre l'oeuvre et le territoire est apparue très tôt dans le processus. La nécessité de définir des accès à l'Oiseausphère, a donné l'occasion de requalifier les parcours piétons de l'ensemble de la pointe.   Vu le succès de l'oeuvre et de son implantation, la Ville de Percé a décidé, fin 2008, de reconduire son engagement dans cette démarche, qui prenait ainsi une voie nouvelle.   

En 2009, nous avons choisi, la Ville de Percé et les auteurs, Marvayus, de poursuivre le travail autour de l'Oiseausphère dans une valorisation poétique du paysage. Les sentiers ont été améliorés et de grands oiseaux de pierres sont venus qualifier le sol pour former autour de la sculpture originale, un espace d'écriture de messages à l'océan.

De plus en plus, ce qui était au départ une oeuvre devient un parc. Ce site, autrefois difficilement accessible, permet aujourd'hui d'effectuer une boucle piétonne inspirante dans la tranquillité d'un espace non marchand. La structure principale est devenue une oeuvre d'art en évolution. Au fil des ans, une nouvelle poésie vient l'accompagner. En 2008 c'était les vêtements-oiseaux et en 2009, les pierres messagères.

Que l'oeuvre soit toujours en place et largement visitée, ceci deux ans après la première autorisation municipale temporaire, démontre bien à tous que le projet a transformé la perception du lieu. L'aménagement de l'Oiseausphère et de ses abords a créé un espace non-marchand, où il est possible de vivre simplement et paisiblement cette relation d'écoute aux autres et au vaste paysage. Ce type de lieu, à dimension presque spirituelle, manquait grandement à Percé.

Nous avons la ferme conviction que l'Oiseausphère a encore quelque chose à dire, à apporter à ce territoire, notamment en ce qui concerne la place de l'art contemporain à Percé et la nécessité d'oser le paysage en aménagement. Avec l'avènement espéré d'un futur musée d'arts contemporains à Percé, il nous semble que la présence de l'Oiseausphère sur le Mont-Joli se trouve au coeur de l'opportunité d'une affirmation positive de la vocation naturelle du site à devenir un coeur des arts du paysage. Nous pensons qu'une nouvelle notion collective de «sens» pour ce lieu est tranquillement en train d'émerger de sa présence.

Cette aventure unique se poursuit donc avec l'esprit d'un ensemble cohérent liant site et oeuvre. Ceci rejoint d'une certaine manière la notion "d'aménagement", bien qu'au départ cette vision n'était pas inscrite au programme des créateurs. On pourrait dire que l'Oiseausphère a ouvert d'elle-même un projet d'aménagement et que, simultanément en quelque sorte, elle le devient. L'intervention de 2009 réalisée avec peu de moyens a montré qu'il est possible de faire évoluer ce lieu avec puissance et simplicité dans l'esprit d'une présence relationelle au paysage.

L'aération du futur

L'Oiseausphère a littéralement ouvert l'espace des possibles. Dans une région habituée au discours de l'échec, aux déclins, aux fermeture d'usines et aux projets qui avortent, la seule existence de cette oeuvre de solidarité fut comme un vent d'air neuf, une source de fierté, une image sociale positive. Il faudrait répéter cette phrase tellement elle est importante.

L'Oiseausphère a démontré qu'il est possible d'oser son paysage et son futur. On peut dire que le milieu n'avait pas forcément d'attentes envers le projet, puisqu'il n'y avait pas de commande. Nous étions dans la générosité du geste. On l'a fait ensemble, avec nos moyens.

« Je m'aperçois qu'il y a toujours du monde humain avec un grand « H ». Merci de parler en notre faveur, car ce que vous avez réalisé a son propre langage. Il suffit de bien l'entendre. Magnifique exploit. »   - Lila B., Laval


Pour informations

Bureau d'information touristique de Percé
+1 (418) 782-5448

Accès libre au site par la rue du Mont-Joli, Percé
( plan d'accès )


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Une création et réalisation de Marvayus (Chloé De Wolf et Joël Larouche)
avec le soutien du Conseil des Arts et des Lettres du Québec
©Tous droits réservés, 2010

Crédit photo : Marie-Claude Véziau, Jacques Morin et Marvayus
Avec nos remerciements spéciaux à nos amis et collaborateurs dévoués